Lannoy : 130 anciens salariés d’Alstom réclament toujours 4 000 € de dommages et intérêts
Lannoy : 130 anciens salariés
d’Alstom réclament toujours 4 000 € de dommages et intérêts
Trop petit pour accueillir l’ensemble des anciens
salariés de l’entreprise SI Energie (ex-Alstom), le conseil des prud’hommes a
été « délocalisé » exceptionnellement à la salle Échevin cet
après-midi. Les ex-salariés réclament des dommages et intérêts pour ne pas
avoir reçu dès 2003 leur attestation d’exposition à l’amiante.
Les
prud’hommes n’étant pas en mesure d’accueillir plus de cinquante personnes,
l’audience a été délocalisée. PH. H.V.M
Il y a
quatre ans déjà, la cour d’appel de Douai condamnait le liquidateur judiciaire
de l’entreprise SI Énergie, Me Theetten, à indemniser
130 salariés pour avoir rechigné pendant près de sept ans à leur
remettre une attestation d’exposition à l’amiante. Un document pourtant
nécessaire et réclamé par leurs éventuels futurs employeurs afin de ne pas être
tenus pour responsables en cas de maladie professionnelle. Mais malgré cette
condamnation, les 130 salariés, défendus depuis la fermeture de
l’entreprise en 2003 par Me Ducrocq, n’ont jamais perçu leurs dommages et
intérêts. « On a jamais su pourquoi le juge avait décidé de demander à
SI Énergie de nous indemniser. Nous savions très bien qu’il n’y avait plus d’argent
dans les caisses », regrettait déjà à l’époque, Manuel Ribeiro,
président des Gaulois Energix, l’association de défense des salariés de Stein
(groupe Alstom) puis de SI Énergie.
Déterminés
néanmoins à obtenir leur dû, lui et ses « copains » ont alors décidé
de saisir le conseil des prud’hommes en demandant cette fois-ci au régime de
garantie des salaires (AGS) de prendre le relais. « On est ici parce
que l’espoir fait vivre mais l’attente fait aussi mourir », a lâché
cet après-midi l’un d’eux qui, comme beaucoup craint le cancer de la plèvre
causé par l’exposition à l’amiante. Plus de dix ans après la fermeture, ils
étaient tous là ou presque. Ne manquaient à l’appel que ceux d’entre eux qui
sont hospitalisés, ou décédés. « J’ai tout fait pour que l’on négocie
à l’amiable avec les AGS pour leur éviter une énième audience… Hélas, cela n’a
pas fonctionné », déplore Me Ducrocq.
Sur la
petite scène de la salle Échevin, Me Cappe de Ballon, l’avocat représentant le
régime de garanties des salaires, a insisté auprès du tribunal sur le fait que
ce type de dommages et intérêts ne fait absolument pas partie de « nos
champs de garanties. » Me Caron, représentant le liquidateur
judiciaire, a rappelé, quant à lui, une fois encore que l’entreprise n’avait
jamais eu les fonds pour honorer une telle somme.
À la sortie
de l’audience, les salariés semblaient désabusés : « En gros,
tout le monde se renvoie la balle. Personne ne veut nous payer. Je me demande
bien ce qu’il se passerait si je ne réglais pas mes impôts… »
Le délibéré
est prévu le 13 septembre. Si les prud’hommes de Lannoy donnent tort aux
anciens salariés, leur avocat n’exclut pas de faire appel.
En dates
2001
L’usine
Stein, spécialisée dans la chaudronnerie, est vendue par Alstom et devient SI
Énergie.
2003
L’usine
ferme définitivement ses portes. Il reste alors 180 salariés sur le site
lyssois. Elles sont licenciées. C’est la fin de l’activité industrielle sur le
site Stein et le début d’une longue bataille juridique contre le fléau de
l'amiante.
2008
L’entreprise
Alstom est condamnée pénalement et écope d’une amende de 75 000 euros
pour avoir exposé les salariés à l’amiante.
2012
La cour
d’appel de Douai condamne le liquidateur judiciaire de SI Énergie à verser
4 000 € à chacun des 130 salariés pour ne pas avoir délivré les
attestations d’exposition à l’amiante dès 2003. C’est cette somme que réclament
les ex-salariés.